Conflit de travail à Vallée-Jonction
LES SALARIÉ-ES DES ABATTOIRS MÉRITENT PLUS, MÉRITENT MIEUX
Alors que le secteur de l’abattage porcin se remet actuellement du conflit de travail de quatre mois entre Olymel Vallée-Jonction et ses salarié-es, notre syndicat aimerait revenir sur certains aspects cruciaux de ce conflit.
Depuis environ 50 ans, les employeurs qui possèdent les abattoirs au Québec ne rémunèrent pas convenablement leur main-d’oeuvre, qui accomplit un travail pénible, dans des conditions difficiles physiquement et psychologiquement. Les carcasses d’animaux entières et découpées, le froid et l’humidité de nos lieux de travail frigorifiés demeurent notre lot quotidien et les accidents de travail font partie des risques inhérents à ce dur labeur. Dans notre usine, environ 400 accidents de travail sont déclarés
annuellement.
La pénibilité du travail et la sousrémunération ne sont pas sans conséquences, particulièrement en contexte de rareté de la main-d’oeuvre. Depuis 2015, pour environ 1000 salariées à Vallée-Jonction, plus de 1800 personnes ont été engagées et près de 1700 ont quitté leur emploi. C’est entre autres pour corriger cette situation qu’après une consultation démocratique de nos membres, nous avons fait de l’enrichissement pour toutes et tous l’objectif central de notre négociation.
Afin d’améliorer notre sort et d’obtenir le respect de notre employeur, nous nous sommes syndiqués. Et malgré la syndicalisation, les gros joueurs dont Olymel fait partie tentent d’imposer des conditions de travail qui n’assurent pas une juste répartition des gains obtenus grâce à notre travail, allant même jusqu’à menacer celles et ceux qui sont à l’origine de ces gains de leur faire perdre leur gagne-pain. Or, cette intimidation sème indignation et rancoeur chez les salarié-es visés, ce qui laisse toujours des traces dans les relations de
travail subséquentes.
Notre exemple
En 2007, les salarié-es de Vallée-Jonction se sont fait imposer une baisse totale de près de 40 % de leurs revenus sous la menace d’une fermeture totale de l’usine. À la suite de cette coupe draconienne de leurs revenus, les plus bas salariés de l’usine ont vu leur taux horaire de base augmenter d’un maigre 1,13 $ l’heure en 14 ans, soit environ 0,08 $ par année, ce qui a représenté une baisse de pouvoir d’achat. Durant la récente grève, une partie de la colère des salarié-es de Vallée-Jonction était directement reliée à cette perte financière historique durable qui nous suit toujours depuis cette négociation de 2007. Imaginez maintenant l’effet qu’a eu cette nouvelle menace d’éliminer 500 postes du quart de soir, en pleine médiation.
Pour nous, l’intimidation et les menaces n’ont jamais apporté que des tensions et des conflits qui n’offrent pas de solution durable aux parties. Voilà pourquoi nous avons toujours préconisé une entente négociée, sur laquelle les salarié-es allaient se prononcer démocratiquement en assemblée générale.
Aussi, nous sommes toujours étonnés d’entendre parler de la très grande sympathie publique envers les porcs que nous devons abattre tous les jours, sans égard aux salarié-es qui accomplissent ce dur labeur.
Nous sommes toutefois moins étonnés de voir la direction d’Olymel déclarer sur la place publique que ce conflit lui aurait coûté plus de 10 millions $, alors que ce sont les négociateurs d’Olymel qui se sont traîné les pieds et qui n’étaient pas pressés de négocier pour mettre un terme à la grève. Si Olymel avait choisi d’utiliser tout cet argent dans la bonification des conditions de travail qu’elle offre, elle aurait réglé pour de bon son problème d’attraction et de rétention de main-d’oeuvre.
Nous demeurons donc convaincus que la juste reconnaissance du difficile travail que nous accomplissons passe par le respect des travailleuses et des travailleurs et par une amélioration substantielle des conditions de travail, deux avenues qui règleraient du même coup les problèmes d’attraction et de rétention dans tous les abattoirs du Québec.
Le règlement
En assemblée générale, les membres du syndicat ont accepté un nouveau contrat de travail d’une durée de six ans durant lequel ils toucheront des augmentations salariales de l’ordre de 26,4 %, dont 10 % la première année. En plus de ce 4,4 % d’augmentation moyenne par année, ils ont également obtenu un montant forfaitaire de 65 $ par année de service, par membre. Ils ont également obtenu un rehaussement de 50 % de la contribution de la part de l’employeur à leurs assurances collectives pour la couverture familiale, ce qui pousse l’augmentation totale de la première année à 12,48 %. Finalement, soulignons l’introduction d’un régime de retraite simplifié à la toute fin de la négociation avec une contribution de l’employeur d’un total de 1,5 % aux deux dernières années de la convention collective. Les membres ont accepté leur nouveau contrat de travail à 78 %, ce qui démontre leur satisfaction des gains obtenus. Le syndicat avait fait le choix de négocier un enrichissement pour tous et c’est exactement ce qu’ils ont finalement obtenu.
Martin Maurice,
Président du Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction–CSN.