Une victoire qui en amène beaucoup d’autres
En 2016, après plus de 30 ans sans avoir recours à la grève, le syndicat des travailleuses et des travailleurs de Sucre Lantic–CSN a été confronté à une attitude patronale qui aura, en bout de ligne, contribué à enraciner de façon durable la mobilisation et l’engagement des salarié-es envers leur vie syndicale.
Aux origines d’une grève
Lors du renouvellement de la convention collective de l’époque (2016), l’employeur s’est présenté à la table de négociation avec des attaques envers des conditions de travail durement acquises au fil des ans. Il était question d’une refonte des échelles salariales, de la création de deux catégories de salarié-es qui impliquaient des reculs salariaux pour le nouveau personnel, des coupures dans le fonds de pension, bref la table était mise pour une importante lutte syndicale. Ce qui s’en est suivi, c’est une réponse sans équivoque du syndicat et un appui massif de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs. Incrédule, l’employeur a assisté à la première grève depuis des décennies et n’a eu d’autre choix que de reculer. Cette victoire a pavé la voie à plusieurs autres gains.
« La grève de 2016 nous a tous démontré que nous étions capables. Elle nous a permis de nous réapproprier notre rapport de force, les gens n’ont plus peur et sont prêts à faire ce qu’il faut pour se faire respecter », explique Benoit Desrosiers, président du syndicat.
Cet état d’esprit a été déterminant lors du renouvellement de la plus récente convention collective à l’automne 2021. Les membres du syndicat avaient en mémoire les résultats obtenus par leur solidarité et leur détermination.
Bâtir sur les victoires précédentes
« On a abordé cette nouvelle négociation grandis par notre expérience et avec le sentiment qu’on avait en main un rapport de force capable de nous aider à atteindre nos objectifs », commente Benoit Desrosiers.
Et des objectifs, les membres en avaient plusieurs très importants. Parmi ceux-ci, la refonte de plusieurs aspects normatifs de la convention collective, afin de réécrire des clauses qui n’étaient pas claires et qui avaient un impact négatif sur les relations de travail. « C’était du gros travail, mais nos membres ont compris les enjeux et on a réussi à préciser, réécrire et à enlever des termes flous, comme dans les clauses touchant les mesures disciplinaires », poursuit Benoit Desrosiers.
En septembre 2021, après 21 séances de négociation et devant la volonté de l’employeur de recourir à plus de sous-traitance et de revoir son engagement dans le fonds de pension, le syndicat a obtenu un mandat de grève générale illimitée voté à 98%.
« Ce vote a été déterminant. L’employeur aussi se souvenait de 2016 et avait maintenant en mémoire notre capacité à nous rallier et nous
serrer les coudes pour protéger nos emplois et nos conditions de travail. Le vote de grève a exercé une influence indéniable sur le reste des séances de négociations, on a senti le changement. Aujourd’hui, de cette lutte, on en ressent les bénéfices au quotidien, tant dans notre vie syndicale que dans nos conditions de travail », conclut Benoit Desrosiers.
Sur ce point, il est difficile de le contredire lorsqu’on s’attarde aux résultats. La nouvelle convention contient maintenant des clauses limitant la sous-traitance et favorisant plutôt les embauches, des majorations au régime de retraite et la fin du cap salarial limitant les contributions des employé-es, des augmentations salariales de 13,6% sur cinq ans, des bonifications de toutes les primes, etc. La liste des victoires est longue et on voit comment, chez Sucre Lantic, les travailleuses et les travailleurs se sont organisé-es pour gagner.